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al-bert homme de couleurs

Carnets d'atelier

La notion de carnets d'atelier est très librement empruntée à mon Maître, dont je ne vais pas manquer de vous parler régulièrment.

La rencontre

Fraîchement installé à Rumilly, charmante petite bourgade haut-savoyarde, pour raisons professionnelles, c'est en déambulant dans les rues tortueuses de la cité que je passais à l'automne 1995 devant la devanture d'un atelier de peintre. 

L'atelier était fermé "pour cause de santé" mais la devanture laissait à voir quelques tableaux qui diffusaient une telle lumière et de telles couleurs que j'en fus saisi. "C'est ça que je veux faire !". lançais-je à mon épouse comme une révélation...

Car c'est bien de celà qu'il s'agissait. Tout était là, devant mes yeux éblouis ! Il avait fallu tout ce temps pour que je vienne à la rencontre d'un type totalement inconnu, mais qui allait changer ma vie. Mais pas tout de suite, seulement de nombreux mois après, car la fermeture pour "cause de santé" semblait devoir s'éterniser.

Puis on vit apparaître des affiches annonçant une exposition "post-op" à Annecy. Visiblement, l'homme ne manquait pas d'autodérision, une sacrée qualité. Mais l'atelier n'ouvrait pas pour autant, et je me faisais peu-à-peu à l'idée que cette rencontre n'aurait pas lieu. 

Vint alors l'automne 1998, et cette annonce furtivement publiée dans le quotidien local : "il" reprenait l'enseignement qu'il avait abandonné "pour cause de santé".

Malgré l'insistance de mon épouse, je refusais ostensiblement de m'y inscrire, craignant plus que tout, et sans oser l'avouer, le jugement qu'il ne manquerait pas de porter sur mes productions. Certes, je dessinais depuis longtemps et plutôt pas trop mal, mais la couleur me faisait peur : je ne la voyais que comme celle qui viendrait gâcher le dessin. 

Qui pourrait croire que la couleur puisse faire peur ? Ce n'est jamais qu'une question considérablement secondaire au regard des grandes peurs de l'histoire de l'humanité ! Et pourtant..

Pour comprendre la vie et essayer de l'expliquer, je crois beaucoup à deux notions : celle de passage et celle de rencontre. Je me demande même si la vie ne pourrait presque se résumer à ces deux concepts, sous réserve de l'utilisation qu'on en fait, du moins qu'on sait en faire. Mais on n'en comprend le sens que plus tard, le recul étant indispensable à l'assimilation des situations.

Comme tout un chacun, j'ai moi-même connu des périodes de grande perplexité, suffisamment profondes pour me demander si la vie ne pouvait être que ça. Je les ai toutes affrontées, et je crois en être sorti un peu plus grandi.C'étaient des passages d'une situation à une autre, d'une tranche de vie à une autre. Le passage nous amène vers de nouvelles rencontres, même si, au bout du chemin, nous attend la plus belle de toutes les rencontres : celle que l'on fait avec soi-même.

Hors ma famille, j'estime avoir fait quatre rencontres qui ont fondamentalement changé ma vie, ou du moins qui lui ont donné un sens nouveau, quatre rencontres majeures qui ont fait ce que je suis maintenant, ou plutot qui m'on permis d'effectuer des passages vers des pans de ma personnalité que j'ignorais. 

Toute notre vie, il y a des trains qui passent tout près sans même qu'on les entende parfois. Et pourtant, les trains sont fait pour qu'on monte dedans. Non ?

C'est ainsi qu'un soir d'octobre j'ai franchi très humblement le seuil de son atelier.

 

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